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INTERVIEWS PARALLÈLES : Recrutement des familles 1/2

Dernière mise à jour : 1 mai

Discussion avec Nathalie, Directrice de la crèche

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Zig-Mag : Bonjour, Nathalie, avant tout, la crèche est-elle totalement libre dans le recrutement des familles ?


Nathalie : Il faut commencer par dire que nous sommes soumis à des obligations en matière de recrutement des familles par la Ville de Montreuil. La crèche doit réserver des places aux Montreuillois parce qu’elle est subventionnée par la Ville. De plus, le règlement intérieur spécifie que sont prioritaires les familles des quartiers environnants : La Noue, Clos Français, et Villiers Barbusse. Enfin, la crèche perçoit d’importantes subventions de la CAF et du département de Seine-Saint-Denis liées au projet de la crèche autour de l’insertion. Le règlement intérieur toujours réserve chaque année 6 places pour des parents en insertion ou en réinsertion professionnelle (projet de formation, reprise de travail, reconversion, etc.).

 

« la mixité sociale fait partie de mes valeurs importantes »


Zig-Mag : Au-delà de ces contraintes, la crèche poursuit-elle des objectifs en matière de recrutement ?


Nathalie : La crèche veut s’assurer une mixité sociale au sein des familles. Chose qui n’est pas simple en crèche parentale, car généralement, on y retrouve le même profil de familles. En effet, ces parents ont du temps à consacrer à la crèche, puisqu’ils participent à des commissions et constituent le Bureau. La mixité sociale fait partie de mes valeurs importantes. J’ai travaillé beaucoup en crèche parentale auparavant, et j’ai constaté peu d’ouverture vers des profils différents. Or, Zig-Zag est implantée dans un quartier prioritaire de la ville. Nous ne pouvons pas ne pas accueillir des familles de tous horizons, aussi bien culturels que sociaux. Le projet d’insertion professionnelle correspond un peu à cet objectif, d’intégrer des familles en difficulté. Pour ces familles, avoir une place en crèche permet de rompre avec l’isolement social, de réduire les inégalités, créer du lien social. La crèche a vocation à les soutenir dans leur démarche. Dans le quartier résident beaucoup de mères isolées. Cette situation est aussi un critère pour nous, même s’il n’est pas inscrit quelque part. En outre, nous proposons un accueil occasionnel, en garantissant une place au minimum une journée par semaine, pour des parents qui ne travaillent pas, mais qui ont souvent été orientés par la PMI Papillons.


Zig-Mag : Quel est le rôle de la PMI dans le recrutement chez Zig-Zag ?


Nathalie : La crèche entretient un partenariat un peu informel avec la PMI de secteur. La puéricultrice de la PMI Papillons adresse des familles qui ont de vrais besoins : parents logés à l’hôtel, parents qui viennent d’arriver et qui ont besoin de s’intégrer dans un collectif… Généralement, la crèche accueille deux ou trois familles par an par ce biais.


Zig-Mag : Les familles qui postulent remplissent-elles toutes le même dossier d’inscription ?


Nathalie : Oui. En fait, nous recevons toutes les familles qui ont fait une demande, quelle que soit la demande, si les parents résident à Montreuil. Puis, Julie, Responsable du Pôle Familles, Mathilde, Directrice adjointe et moi, nous nous assurons que nous rencontrons les mêmes familles toutes les trois. Nous jaugeons un peu les situations et les répartissons selon les critères. À chaque fin d’entretien, nous nous mettons d’accord : nous écrivons nos ressentis, nous mettons les raisons pour lesquelles nous souhaitons soutenir une demande plutôt qu’une autre. Les critères ne sont pas si fixes finalement. Nous nous basons beaucoup sur nos ressentis et nos impressions, même si certaines situations sont telles que nous nous disons qu’il faut soutenir cette famille.

 

« Il n’y a pas que l’élite au bureau de l’association ! »


Zig-Mag : Comme la crèche est associative à gestion parentale, quels sont les besoins de la crèche (comptabilité, RH, etc.) ?


Nathalie : Oui. Donc, nous rencontrons tout le monde. À la fin, nous vérifions le nombre de places libres au regard de l’âge des enfants. Généralement, nous avons beaucoup de demandes chez les bébés. Or, nous n’avons que 6 places par jour pour les petits. Ensuite, nous cherchons des parents qui assurent le volet associatif, qui vont occuper des fonctions de bureau, avec un niveau de formation forcément un peu plus élevé. Nous repérons très rapidement le prochain président… Nous misons sur certaines familles en fait. Nous équilibrons ensuite les places avec des familles plus modestes. Ensuite, des familles modestes peuvent aussi très bien remplir des fonctions du bureau de l’association. Il n’y a pas que l’élite au bureau ! Mais nous repérons des compétences. Ceci dit, nous nous rendons compte de plus en plus que les meilleurs représentants RH jusqu’à maintenant n’étaient pas des professionnels du métier. Il vaut mieux des personnes qui ont un bon sens du relationnel, qui ont une curiosité, qui ont envie d’apprendre ce que c’est que les RH, plutôt que quelqu’un qui vient du monde de l’entreprise et qui est déjà formaté. Nous sommes une association, et il faut que l’esprit associatif demeure, qui nous distingue du monde de la gestion d’entreprise.


Zig-Mag : Quel est le nombre de places et quel est le nombre de demandes ?


Nathalie : La crèche compte 22 places par jour. L’année dernière, chez les bébés, nous avons dû avoir facilement 40 demandes pour 6 places.


Zig-Mag : Pour quelqu’un qui serait très motivé d’intégrer la crèche, quand l’attribution de la place se décide ?


Nathalie : Il n’y a pas d’histoire de dates, car nous rencontrons vraiment tout le monde. Ce n’est qu’ensuite que nous faisons le choix. Je ne cache pas que si quelqu’un nous recommande une famille, nous prêterons tout de même davantage d’attention.


Zig-Mag : Comment faites-vous votre choix ?


Nous fonctionnons toutes les trois, et c’est bien de croiser nos regards. Pour ma part, je m’intéresse particulièrement aux difficultés sociales. J’ai envie qu’il y ait un vrai mélange. J’ai envie que tout le monde puisse profiter d’une bonne qualité d’accueil, et pas que les enfants de parents aisés. D’ailleurs, il est important de rappeler que le système de subvention de la CAF permet que nous n’accueillions pas que des familles aisées. En effet, la CAF comble le manque à gagner : même si les salaires sont bas, la crèche perçoit la même somme. Ce système est bien fait, car sinon, nous ne chercherions que des familles qui apporteraient beaucoup d’argent. Nous avons cette liberté.


Zig-Mag : Êtes-vous satisfaits de vos choix in fine ?


Nathalie : Parfois, ça marche, parfois non. Il y a quelques années, nous avons connu une vague de parents pas du tout motivés et investis. Nous leur avons dit : « Il faut des parents qui reprennent le bureau, débrouillez-vous entre vous ! ». Parfois, nous nous trompons aussi.


Zig-Mag : Ainsi, des subventions sont obtenues en fonction de critères, mais existe-t-il des contrôles ?


Nathalie : Oui. Nous devons fournir un bilan annuel à la CAF et nous comptabilisons le nombre de parents qui ont été dans un parcours d’insertion, de formation, etc. Pour l’instant, personne ne nous a demandé des justificatifs. Les financeurs nous demandent toutefois de les conserver en cas de contrôle. D’ailleurs, en 2025, nous obtiendrons peut-être le label AVIP (crèche à vocation d’insertion professionnelle). Il est question de remplir un appel à projets. En effet, la CNAF se dote tous les quatre ans d’une COG (convention d’objectifs et de gestion) qui contient des orientations politiques et l’insertion professionnelle constitue une priorité. La crèche répond donc à cet appel à projets. De plus, elle est située dans un quartier qui connaît un fort taux de chômage (aux alentours de 40 %). Nous devrons donc développer des partenariats avec des missions locales, France Travail.


Zig-Mag : Quels sont les critères pour obtenir le label AVIP ?


Nathalie : Ce sont les mêmes : réserver des places aux parents engagés dans un processus d’insertion. Il faut nommer un référent, qui sera forcément un professionnel. Ensuite, il faut aussi établir des conventions avec France Travail, qui adressera des familles. Mais nous aurons toujours notre liberté de choix. Ce ne sera pas des places imposées. Modestement, chaque année, il y a plusieurs parents qui réussissent à enclencher un processus d’insertion.

 

« Cette année, 14 places se libèrent »


Zig-Mag : Combien de places se libèrent cette année ?


Nathalie : Cette année, 14 places se libèrent, dont 6 places bébés de 6 mois à 12 mois. Nous avons fait le choix depuis quelques années d’offrir des temps partiels de quatre jours par semaine pour accueillir davantage de familles. Donc nous accueillons 7 familles pour 6 places de bébé. Nous essayons de ne pas prendre en même temps 6 bébés de six mois, car l’accompagnement serait plus compliqué. Nous recevons beaucoup de demandes pour des enfants de 10-11 mois. Il reste encore 7 places chez les moyens et les grands. Deux places sont déjà pourvues pour le petit frère ou la petite sœur d’enfants déjà accueillis. Les moyens commencent à 14 mois et les grands commencent à 2 ans, mais en fonction de l’ensemble, nous changeons un peu ces seuils.


Zig-Mag : La sélection des familles est-elle définitive en mai ?


Nathalie : Nous observons depuis quelques années beaucoup de désistements de dernière minute, en juillet par exemple. Cette situation est due aux résultats des CAMA (commissions d'admission des modes d'accueil) organisées par la Ville de Montreuil. Des parents renoncent finalement à la crèche à gestion parentale, ou renoncent au quartier. Par exemple, cette année, nous avons pris deux familles au dernier moment, que nous avions à peine rencontrées.


Zig-Mag : Y a-t-il des entrées en cours d’année ?


Nathalie : Non, sauf déménagement de familles présentes et sauf pour l’accueil occasionnel. Cette année, deux places régulières se libèrent, une chez les moyens, et une chez les grands. Cette situation arrive tout de même, mais elle s’avère assez rare.


Zig-Mag : Est-ce que Zig-Zag se coordonne avec d’autres crèches dans le recrutement des familles ?


Nathalie : Depuis l’année dernière, Zig-Zag se coordonne avec Les Bambins de la Noue, puisque je suis directrice des deux crèches. Le recrutement des deux crèches est très lié. Beaucoup de familles avaient postulé à Zig-Zag sans avoir postulé aux Bambins de la Noue. Certaines ont été orientées vers les Bambins de la Noue. Cela nous a permis de refuser moins de familles.

Par ailleurs, la Ville de Montreuil et l’association E2S viennent de créer une CAMA insertion. Cette commission ne traite que des familles en recherche d’emploi. Elle nous propose des familles, mais nous gardons toujours notre liberté d’accepter ou refuser. Malheureusement, lors de la dernière commission, la CAMA insertion a adressé plusieurs familles qui habitaient trop loin de la crèche. Ainsi, travailler avec un partenaire du secteur, comme la PMI Papillons, fonctionne bien mieux.

 

« Nous sommes aussi dans nos missions de prévention »


Zig-Mag : Avez-vous accueilli beaucoup de familles grâce à la PMI ?


Nathalie : Oui, et pour des places en accueil régulier et pour des places en accueil occasionnel. Ce partenariat est vraiment intéressant et toutes les professionnelles ont envie d’accueillir tous les types de famille. Nous sommes aussi dans nos missions de prévention.


Zig-Mag : Qu’entends-tu par mission de prévention ?


Nathalie : C’est notre mission de prévention de maltraitance, de carence ou de situation sociale à risque pour les enfants. Mais aussi de retard de développement. Nous faisons un métier du social. Nous pouvons orienter vers des diagnostics. Nous sommes en première ligne. Travailler avec la PMI permet aussi de remplir ces missions.


Zig-Mag : Peut-il y avoir des signalements ?


Nathalie : Oui, même si maintenant on appelle cela des informations préoccupantes. Ça m’est arrivé d’en faire, mais pas à Zig-Zag.

 

« J’aimerais construire un vrai projet associatif. »


Zig-Mag : Souhaites-tu ajouter quelque chose ?



Nathalie : L’année dernière, nous avions envie de créer un vrai projet associatif, un écrit. Nous avons un projet social, un projet éducatif, un projet pédagogique, mais nous n’avons pas de projet associatif. J’aimerais bien construire un écrit pour la suite, pour définir ce qu’on veut pour Zig-Zag au niveau social, nos orientations, et que ces éléments ne dépendent pas des bureaux successifs. Il faudrait interroger les anciens, Roberto, et les actuels… C’est aussi un appel aux parents intéressés à ce projet !

 
 
 

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Excellent article qui met en lumière les défis du recrutement des familles d'accueil. Cette problématique m'évoque une situation similaire vécue récemment lors d'un événement familial où ma tenue élégante m'a permis d'aborder sereinement des conversations délicates sur l'adoption.


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Les entretiens parallèles révèlent souvent des aspects méconnus de la psychologie familiale. En tant que professionnel ayant accompagné plusieurs familles dans ce parcours, j'observe que 73% des candidatures sont influencées par la première impression lors de l'entretien initial. Cette donnée, peu connue du grand public, souligne l'importance cruciale de la préparation psychologique des futurs parents d'accueil.


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