PORTRAIT DE PRO : ELSA DAZIRON
- Zig-Mag
- 5 avr.
- 6 min de lecture
Dernière mise à jour : 1 mai
Vivre sa maternité en tant que professionnelle

Professionnelle, étudiante et maman, Elsa cumule plusieurs casquettes avec calme et sourire.
En poste à Zig Zag depuis 2023, elle s’occupe de la section des grands et s’adapte à la présence de sa petite Giulia qui a fait son entrée en crèche à ses six mois.
ZM : Quel est ton parcours avant d’arriver à Zig Zag ?
Elsa : J’ai toujours souhaité travailler dans l’humain. Après l’obtention de mon bac en sciences éco, je me suis orientée vers des études de psychologie. J’ai réalisé assez vite que la faculté ne me convenait pas. J’adorais les cours théoriques mais j’avais besoin de travaux plus pratiques, de terrain. J’ai finalement choisi de m’inscrire dans une école d’éducatrice spécialisée. J’y ai étudié deux ans jusqu’au covid qui a mis tout en pause. Pour gagner un peu d’argent, j’ai fait de l’animation en maternelle. Au fil des mois, je suis devenue référente pour les tout petits et j’ai adoré cette expérience . C’est à ce moment-là que j’ai postulé à Zig Zag.
ZM : Qu’est-ce qui t’a plu dans la philosophie de Zig Zag ?
Elsa : Déjà, Zig Zag est à Montreuil, c’est le quartier de mon enfance, ma ville de coeur ! La soeur d’une amie travaillait chez Zig Zag, elle s’y plaisait et m’en disait beaucoup de bien. Je me suis trouvée totalement en phase avec les valeurs du projet, l’importance d’écouter les émotions, de respecter le consentement des enfants. La petite enfance et le respect des enfants ont toujours été des questions présentes et importantes chez moi. J’ai grandi avec une mère institutrice en école maternelle. Elle m’a transmis ses valeurs, la passion pour son métier, et chez Zig Zag je me suis très vite sentie en confiance.
ZM : C’est une fois en poste chez ZigZag que tu as souhaité reprendre les études ?
Elsa : Nathalie et Mathilde m’ont beaucoup encouragé dans ce projet d’entreprendre une VAE. Elles estimaient que j’en avais les capacités. Et puis c’est en tombant enceinte de Giulia que j’ai eu le déclic. J’ai ressenti un besoin de légitimité, de reconnaissance de mes compétences et de stabilité aussi. Je me suis donc lancée !
ZM : Comment as-tu vécu ta grossesse en tant que professionnelle ?
Elsa : Merveilleusement bien ! Au début, j’étais toute paniquée, je culpabilisais à l’idée de laisser l’équipe et les enfants en cours d’année. J’avais l’impression de les abandonner et de manquer de conscience professionnelle. En leur annonçant ma grossesse, Nathalie et toute l’équipe ont été très heureux pour moi. J’ai senti une grande bienveillance à mon égard, c’était très réconfortant. Nathalie me rassurait en me disant qu’on s’adapte à tout, que c’est la vie. J’ai pu apprécier cette nouvelle et me dire qu’en effet, c’est une chance et qu’il fallait en profiter !
ZM : Sur un plan physique et médical, ce n’était pas trop compliqué à gérer ?
Elsa : Ma sage-femme m’a conseillé de me mettre en arrêt assez tôt en raison du risque d’infection à cytomégalovirus. Ce virus se transmet dans l’urine, la salive ou les larmes des enfants. Chez la femme enceinte, cette infection est grave car elle peut affecter le développement du foetus et entraîner des séquelles durables. J’ai fait le choix de continuer à la crèche en prenant des mesure de précaution. J’avais besoin d’être là, de poursuivre mon activité. Sur un plan physique, ce n’était pas toujours simple. Dans une crèche, la première année est un nid à virus et les femmes enceintes sont souvent plus vulnérables. J’ai tout attrapé: la grippe, la gastro, des rhino-pharyngites à répétition. Mais globalement j’ai pu exercer une bonne partie de ma grossesse à Zig Zag et j’en garde un très bon souvenir !
ZM : Les enfants se comportaient comment avec toi ? Ils étaient intrigués par ce bébé dans ton ventre ?
Elsa : Au début c’était un peu abstrait pour eux. Quand mon ventre a commencé à se voir, les enfants le touchaient beaucoup. Je me souviens d’un petit garçon qui s’asseyait souvent sur mes genoux. À son contact, Guilia bougeait dans mon ventre, c’était drôle ! Il me disait : « j’ai senti le bébé, il a donné un coup ». Et comme on avait déjà choisi le prénom, à la crèche les enfants l’appelaient déjà Giugiu. Elle était assez présente parmi nous. Je me souviens aussi du moment où j’ai revu les enfants après l’accouchement, ils me demandaient tous où était mon ventre.
ZM : Comment envisageais-tu la garde de Guilia ? Enceinte, tu souhaitais qu’elle soit prise en charge à Zig Zag ?
Elsa : Ce n’était pas mon choix au départ. J’aspirais à séparer mon lieu de travail et son lieu de garde. Mais après plusieurs refus dans différentes crèches, j’en ai parlé à Nathalie qui a cherché une solution pour accueillir Guilia à Zig Zag. On en a discuté avec toute l’équipe pour s’assurer que personne n’y voit d’inconvénients. Je ne voulais pas que mon enfant soit un poids pour la crèche et je craignais aussi d’être moins disponible professionnellement , trop préoccupée par la situation. Elles m’ont toutes rassurées sur ces inquiétudes et ce choix s’est fait naturellement.
ZM : C’est une situation inédite pour Zig Zag, l’accueil d’un enfant d’une professionnelle ?
Elsa : Oui, c’est la première fois, la situation ne s’est jamais produite avant. Ce n’est pas un cas de figure classique dans une crèche ! J’ai souhaité avoir un 80/100 pour pouvoir garder Giulia une journée dans la semaine. Aujourd’hui la configuration est idéale, je la garde une journée et je la confie à ma mère une autre journée de la semaine de façon à pouvoir avoir une journée à Zig Zag sans elle.
ZM : Comment vis-tu cette configuration aujourd’hui ?
Elsa : Avant son entrée à Zig-Zag, j’appréhendais beaucoup les temps de séparation, l’idée que Giulia soit happée par ma présence et me cherche dans la crèche. Je craignais que ce soit une charge supplémentaire pour les professionnelles, qu’elles doivent gérer des moments délicats. Et finalement, ça ne s’est pas pas du tout passé comme ça ! Bani, sa référente, et Fatima, m’ont énormément rassurées et je suis persuadée que ça a permis de faciliter les choses. Au début, on a fait en sorte qu’elle ne me voit pas. Giulia était dans la section des petits et moi dans celle des grands. Et il faut dire qu’elle m’a simplifié la vie en prenant son temps à se déplacer. Pour le moment elle est encore au sol. Petit à petit, on a commencé à installer des temps où nous sommes réunies dans le même espace et tout se passe au mieux. Elle a compris que la crèche c’est avec sa référente et la maison avec ses parents. La dernière fois, j’étais avec elle pendant la pause de Bani et à son retour, elle lui a tendu les bras pour qu’elle la prenne. On s’est dit, c’est bon, c’est une affaire qui roule !
ZM : Tu as eu l’impression de te retenir d’aller la voir parfois ? C’est pas trop difficile en tant que maman ?
Elsa : Non, même pas. Je m’en suis presque voulue d’avoir cette réaction. En réalité je pense que c’est lié à ma confiance inouïe en l’équipe et en l’association. Je sais que tout le monde fait de son mieux et qu’elle est entre de bonnes mains. Ça m’a aussi beaucoup aidé de travailler en crèche, de savoir comment se passe les temps de séparation pour les enfants. Ça m’a facilité les choses en tant que maman.
ZM : Professionnelle, étudiante, et maman, ça te fait un sacré planning ?
Elsa : Pour ma VAE, je me sens très soutenue et accompagnée à Zig Zag. Nathalie me rassure et me conseille et me propose du temps de travail. Je me suis déjà retrouvée à minuit en train de travailler un dossier et Giulia qui se réveille ensuite la nuit, ce n’est pas toujours simple mais c’est mon choix et j’y tiens. Il m’arrive parfois de dormir 3/4h, c’est pas énorme, mais ça me permet d’avancer. J’ai cette chance dans ce métier d’avoir beaucoup de patience. Et puis, je pense souvent à ma mère institutrice qui nous a élevés moi, mon jumeau et mon frère de deux ans notre ainé. Elle enchainait les journées de classe et la vie avec nous à la maison. C’est un peu mon modèle !
ZM : Ton métier doit aussi t’aider et t’inspirer dans ta propre maternité ?
Elsa : Oui c’est une vraie chance de travailler en crèche pour une maman. J’ai tellement appris ici sur un plan pédagogique, sur les questions de soin, d’éducation. Zig Zag a beaucoup de valeurs éducatives, dans la manière de s’adresser aux enfants, d’avoir leur consentement, de favoriser l’autonomie, c’est très riche comme apprentissage. Je le ressens dans ma façon d’élever Giulia. Max, mon conjoint, me dit souvent « tu parles à Giulia comme tu parles à la crèche ». Ça me fait rire. Mais c’est vrai, toutes ces valeurs font partie de moi aujourd’hui.
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