PORTRAIT DE PRO : KHADIDJA
- Zig-Mag
- 31 mars 2024
- 4 min de lecture
« Je me vois comme « agent polyvalent », oui c’est ça! »

Zig-Mag : Bonjour Khadidja. Comment s’appelle ton métier et depuis quand l’exerces-tu à la crèche?
Khadidja : Mon métier s’appelle « agent d’entretien » et je suis à la crèche depuis 2016. J’ai déposé mon CV grâce à une copine qui m’a parlé de l’annonce. C’était à l’ouverture de Zig-Zag ; je suis la toute première! D'ailleurs, quand je suis venue il y avait encore des travaux. Il n’y avait même pas de sol.
Zig-Mag : Et tu n’as pas été effrayée par ce contexte…Tu es donc la plus ancienne professionnelle de la crèche!
Khadidja : Oui, avec Halima et Fatou.
Zig-Mag : Et si ça fait si longtemps c’est que cela te convient?
Khadidja : Oui. J’aime bien le métier, je suis bien, avec l’équipe et avec tout ce qui se passe ici.
Zig-Mag : Peux-tu revenir sur le déroulé d’une de tes journées de travail?
Khadidja : Je commence à 7h30 et je finis à 11h30. Les tâches sont presque les mêmes tous les jours, sauf les vitres que je fais deux fois par semaine. J’arrive le matin et je fais le tour de la crèche pour aérer et ouvrir toutes les fenêtres. Je me change. Je prends les produits dont j’ai besoin et les lavettes que je range dans mon chariot, et je le remplis d’eau. Je commence par désinfecter tous les lieux d’abord, et puis je nettoie les sols. Il y a aussi le dortoir et le linge, je fais tourner et je lance les machines.
Zig-Mag : Dans ton travail, il y a donc des taches qui se passent avant que les enfants et les pros soient là, et d’autres qui se déroulent quand les enfants sont présents. Comment gères-tu cette présence des enfants?
Khadidja : Je désinfecte, je nettoie les sols et fais la mise en place des lieux avant que les enfants et les pros arrivent. Et quand les enfants viennent je travaille de ce côté-là (nous indiquant l’aile droite du bâtiment) ou bien dans le dortoir. J’attends jusqu’à ce que les derniers parents passent pour ensuite faire l’entrée, le hall, les toilettes, le bureau.
Zig-Mag : C’est pour cela que l’on peut quasiment ne pas te voir, en fait. Tu glisses d’une zone à une autre selon une chorégraphie bien organisée.
Khadidja : Je suis là où je ne dérange pas et où l’on ne me voit pas.
Zig-Mag : Mais tu donnes le sentiment d’être attachée à la présence des enfants. Et on voit d’ailleurs qu’ils sont proches de toi. Ils te suivent comme des oies lorsque tu traverses les sections avec ton chariot (rires).
Khadidja : Oh ouiiii! C’est naturel je pense. J’ai quatre enfants aussi. Le plus grand a 19 ans et le dernier a eu 6 ans le 24 janvier.
Zig-Mag : Mais alors, à quels moments as-tu des interactions avec les enfants? Certaines fois tu es là lors de l’accueil des enfants ; on peut t’apercevoir en section.
Khadidja : Je n’accueille pas, mais je peux être en section si une pro est en retard ou absente, le temps de coucher ou de changer un enfant exemple. Je peux être là pour les sorties aussi ; oui je sors souvent avec eux.
Zig-Mag : Tu es un relais.
Khadidja : Oui, c’est ça.

Zig-Mag : Comme pour Mai, tu as ce statut un peu à part. Cela crée sûrement un rapport particulier avec les enfants.
Khadidja : Dans mon contrat, on dit « agent d’entretien » mais des fois je me vois comme « agent polyvalent », c’est ça. En fait, une crèche associative n’a rien à voir avec une crèche municipale. Dans une crèche normale, on te dit : « tu dois faire ça, tu dois faire ça »… Et d’ailleurs vous êtes là aussi les parents.
Zig-Mag : Cela nous amène à la fameuse question… Les familles doivent faire deux week-end de ménage par an ; est-ce que le ménage est bien fait?
Khadidja : C’est bien fait! Moi je n’ai pas le temps de faire les murs tous les jours, mais si les parents peuvent le faire, ça me sert bien. Et le lundi de retour du weekend ménage, je sens qu’il y a quelque chose de fait. Et je peux en profiter avec les enfants.
Zig-Mag : Peut-être que ces week-ends permettent aussi de poser un autre regard sur ton travail ; une forme de compréhension, de reconnaissance et de respect?
Khadidja : De ce coté-là, il n’y a pas de problème. Toute l’équipe, tous les parents, vraiment, respectent ça, franchement. Vous me facilitez le travail, vous aussi ; c’est l’esprit familial. Des fois on ne se sent même pas entre collègues (... / Khadidja, émue, pleure). Non vraiment, c’est bien, c’est important et les enfants sentent ça. Mina m’a dit « Khadidja, c’est bizarre quand même… Quand ils commencent à parler, même si on est là avec eux toute la journée, c’est ton nom qu’ils disent en premier ». Ça fait quelque chose… C’est la crèche qui a ouvert la porte. Si elle avait fermé la porte en disant « non tu n’es qu’une agent d’entretien », il n’y aurait pas eu ça, cette connexion.
Zig-Mag : On entend ton émotion. Parfois un métier dans lequel on est bien tient à ça, au fait d’avoir trouvé SA place ; et qu’on nous l’ait donnée.
Khadidja : Oui, c’est ça. Par exemple, aujourd’hui, mon fils est malade. Mais je ne prends pas un congé enfant malade, je fais tout mon maximum car il y a une bonne ambiance et que tout le monde est là ; et dès que j’aurai fini à 11h30, j’irai vite le voir.
Zig-Mag : On ne te prend pas plus de temps dans ce cas là, et on te laisse retourner à ton travail. Merci de nous avoir accordé ce moment précieux.

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Merci pour ce portrait touchant de Khadidja ! Cela me fait penser à l'importance du bien-être au travail, notamment dans les métiers de service comme ceux de la petite enfance.
L'impact psychologique du travail polyvalent
Les professionnels comme Khadidja illustrent parfaitement les bénéfices de la polyvalence en milieu professionnel. Cette approche multitâche renforce non seulement l'estime de soi mais aussi le sentiment d'appartenance à l'équipe. Des études en psychologie du travail montrent que les employés ayant des rôles étendus développent une meilleure résilience face au stress quotidien.
Dans un environnement comme une crèche, chaque détail compte pour le bien-être des enfants. Cela me rappelle…